si tu manges des toiles d’araignée tu mourras
(« si tu manges des toiles d’araignée tu mourras
et tu ne pourras plus te relever
et ils viendront te déterrer du lit
et ils t’emmèneront et t’enterreront dans un lit
beaucoup plus soyeux et plus froid
Teodor Dună (1981) est l'auteur de trois recueils de poèmes : le train du trente et un février (Prix national Mihai Eminescu – opera prima, 2002), cataphasies (2005) et Du vivant (2010).
Ses poèmes sont traduits en français, allemand, suédois, bulgare et hongrois. Une anthologie regroupant quelques-uns de ses textes est sortie en 2012 en Allemagne, aux éditions Solitude, sous le titre le bruit de la chair.
Traduction et biobibliographie ©Linda Maria Baros
(« si tu manges des toiles d’araignée tu mourras
et tu ne pourras plus te relever
et ils viendront te déterrer du lit
et ils t’emmèneront et t’enterreront dans un lit
beaucoup plus soyeux et plus froid
dans la maladie tu bouges lentement comme dans une femme.
ton corps glisse dans ses gestes, dans sa main froide
qui sent le dehors,
qui te couvre avec une couette, qui te touche le front
et toute la chaleur de ton corps
c'est avec sa barrette à cheveux
que mes mains ont appris toutes seules à se taillader les veines à les poser
à travers la pièce comme des guirlandes et alors le corps n'a que moi
et la robe bleue et moi je peux aussi sans veines
c'est pour cela que nous sommes heureux et elle se met à parler
j'enfonce mon ongle dans l'étoffe duveteuse et la déchire
et la peau pourrait devenir bleue elle se couvrirait les épaules de dentelle
et dirait ne mets plus cette robe et moi je dis
ne mets plus cette robe
elle boutonne sa robe jusqu'au menton
il s’assied sur ces corps rongés par les vents cinglants
et trempe ses doigts dans leurs yeux.
il y a un cheval mort tout près qui veille sur eux. derrière le cheval
un immense champ de roses
sauvages. le silence descend dans la terre et au pied des collines
moi je ne peux parler
moi je ne sais écrire
on m’a fait sans
sans visage m’a-t-on dit
pour que tu aies toujours le