Teodor Duna
c'est avec sa barrette à cheveux
c'est avec sa barrette à cheveux
que mes mains ont appris toutes seules à se taillader les veines à les poser
à travers la pièce comme des guirlandes et alors le corps n'a que moi
et la robe bleue et moi je peux aussi sans veines
c'est pour cela que nous sommes heureux et elle se met à parler
et sa voix se pose dans la pièce
sur le lit sur le tapis commence à défaire le lit ramasse
les vêtements par terre
les pose sur une chaise ils s'accrochent à mes veines
et moi je peux aussi sans veines
et l'air est tout en croûte comme ses yeux et ses yeux changent de couleur
d'après les couleurs du ciel
et moi je marche par-dessous mes veines
à travers la pièce à travers sa voix
et la pièce s'allonge à mesure que j'avance
comme si c'était le ciel lui-même
tandis que ses yeux prennent les couleurs de l'automne
ensuite il y a le lit soyeux
dans lequel tu te laisses tomber
beaucoup plus lentement
تعلمت يداي لوحدهما قطع شرايينها ووضعَها
في كل الغرفة مثل أكاليل ورد وحينها لا يكون للجسد غيري
والفستان الأزرق وأنا يمكن أن أقدر دون شرايين
لذا نحن سعيدان وتبدأ في الكلام
وصوتها يتموضع في الغرفة
فوق السرير فوق السجادة يبدأ في إزاحة أغطية السرير يجمع
الملابس المتناثرة فوق الأرض
يضعها فوق كرسي، تتعلق شراييني
وأنا أقدر دون شرايين
والهواء كقشرة مثل عينيها وعيناها تغيران لونهما
وفق ألوان السماء
وأنا أسير فوق شراييني
خلل الغرفة، خلل صوتها
والغرفة تستطيل كلما تقدمت
كما لو أنها السماء بالذات
بينما تتلون عيناها بألوان الخريف
بعد ذلك هنالك السرير الناعم
الذي تتركين جسدك يرتمي فوقه
ببطء كبير (...)
Teodor Duna
Teodor Dună (1981) est l'auteur de trois recueils de poèmes : le train du trente et un février (Prix national Mihai Eminescu – opera prima, 2002), cataphasies (2005) et Du vivant (2010).
Ses poèmes sont traduits en français, allemand, suédois, bulgare et hongrois. Une anthologie regroupant quelques-uns de ses textes est sortie en 2012 en Allemagne, aux éditions Solitude, sous le titre le bruit de la chair.
Traduction et biobibliographie ©Linda Maria Baros