Oana Catalina Ninu

Oana Catalina Ninu

Oana Cătălina Ninu (1985) est l'auteur du recueil de poèmes Mandala (Prix national Mihai Eminescu – opera prima et Prix du premier recueil de la filiale de Dobroudja de l’Union des écrivains de Roumanie, 2005) et de la plaquette les états intenses (2009). Ses poèmes sont traduits en français, anglais, espagnol, catalan et tchèque.

Actuellement, Oana Cătălina Ninu est doctorante en lettres à l'Université de Bucarest.

Traduction et biobibliographie ©Linda Maria Baros


Poèmes

Mandala. Fragments

chaque soir en plein sommeil je déchire symétriquement le drap je suis
la femme-ciseaux je me glisse toute nue sous la couette et j’entame mes études d’esthétique
je ronge le mur membraneux dans lequel j'enserre mon corps de la tête vers le haut

ton cœur doit être noir et le tremblement ne peut être qu’un cri

ton cœur doit être noir et le tremblement ne peut être qu’un cri
lorsque le ventre de la femme s’arrondit devant toi lorsque ses paupières et les veines sur
sa tempe rétrécissent tu te mets à tousser à pressentir la forme de tes organes
là-dedans tu laisses des traces de rouge à lèvres sur la tasse à café


les états intenses. fragments

« nous pensons tous à quelqu'un qui nous manque »
nous avons tous besoin d’un bras puissant d’un chicot de bois pour nous aimer
et d’une lame bien aiguisée et de nombreuses lampes torches
pour creuser les yeux du boucher
alors qu’il lève la hache au-dessus de ses veines jaunâtres

et tout ira bien

et tout ira bien et tout ira bien
et je ne raterai pas ma vie
et j’arrêterai ce sang qui gargouille qui se traîne vers moi par-dessous la porte
ma robe blanche froissée par des poings pressés
l’eau pleine de rouille qui compartimente mon cerveau


soft

dans la chambre à rideaux rouges
je pose des gamelles remplies de lait sur les seuils
c’est ce que je ferais maintenant
c’est ce que je ferais à n’importe quel moment
les yeux fermés les cuisses écartées

je te reconnais, tu es un raté, tout comme moi

je te reconnais, tu es un raté, tout comme moi
bien que mes vêtements soient plus chers
bien que tes veines soient plus solides
les poteaux télégraphiques nouent notre peur quelque part là-haut
où les chaussettes mouillées frisottent en grappes